LES TABLA

Origine

Le tabla est un instrument de percussion utilisé dans la musique classique, populaire et religieuse du sous-continent indien. L’instrument est composé de deux fûts de taille et de timbre différents. Le plus petit, le dahina ou dayan, fait de bois, produit une note aigüe, alors que le plus grand, le baya, fait de cuivre ou d’argile, est réglé à l’octave inférieure. Le terme tabla est dérivé d’un mot arabe qui signifie tambour.


L’origine de l’instrument est sujette à des débats houleux; l’histoire la plus répandue en attribue la paternité au poète perse Amir Khusrau (xiii ème siècle), mais certains affirment que l’instrument est vieux de plusieurs millénaires... Cependant, les seules sources fiables font remonter la naissance des tabla au xviii ème siècle, probablement comme instrument hybride résultant d’expériences et d’adaptations de tambours déjà existants: pakhawaj, dholak et naqqara. Le répertoire et les techniques des tabla se retrouvent d’ailleurs dans ces trois instruments.


L’évolution des tabla d’un instrument folklorique et religieux en un instrument artistique sophistiqué résulte des changements sociaux à la cour de Delhi entre le xviii et le xix ème siècle. Les premiers joueurs de tabla appartenaient à des groupes héréditaires (castes) de statut social inférieur, quelques-uns étaient des musulmans sunnites, mais la plupart faisaient partie de la communauté des Dhari (caste des Mihari) et choisirent de se convertir à l’Islam chiite. Ils vivaient autour des grands centres culturels de l’empire Moghol qu’étaient Lahore, Delhi, Lucknow, Allahabad et Hyderabad, avec l’exception notable de Bénarès, ville sacrée hindoue. Le premier joueur de tabla connu, crédité pour son extraordinaire développement des techniques et du répertoire des tabla fut Siddhar Khan Dhari. Il est à l’origine du style de Delhi. Ses fils et petits-fils perpétuèrent son enseignement et l’exportèrent vers d’autres grands centres culturels moghols, dispersion qui mena naturellement à l’évolution vers des styles de jeu régionaux distincts. Actuellement, ces styles forment cinq écoles, ou gharana.

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Le Système des Gharana

Les noms des gharana sont quasiment tous dérivés d’un lieu géographique, généralement la ville, le district ou l’état d’où le fondateur était originaire. Le système des gharana tel que nous le connaissons n’est pas très ancien; la plupart d’entre elles n’ont pas plus de 200 ou 300 ans. Les gharana actuelles datent pour le plus souvent de la fin de l’empire moghol.


Les gharana se retrouvent dans toutes les disciplines musicales et de danse du nord de l’Inde; dans son sens artistique, une gharana est comparable à un «style» ou une école dont chacune est dépositaire d’une approche particulière de l’instrument, d’une technique propre et d’un répertoire original. En ce qui concerne les tabla il existe actuellement 5 gharanas:


1 - DELHI: la plus ancienne, fondée par Siddar Khan (début du xvii ème s.). Les musiciens les plus reconnus de cette gharana sont Gamay Khan (1883-1958), Inam Ali Khan et Chatur Lal (1925-1965).


2 - LUCKNOW: fondée par le petit-fils de Siddar Khan: Mian Bakshu (milieu du xviii ème s.). Abid Hussain, Wajeed Hussain et son fils Afak Hussain ainsi que Swapan Chaudhuri sont tous issus de cette gharana.


3 - FARUKHABAD: gharana la plus prolifique actuellement; fondée par Vilayet Ali (fin xviii ème s.), elle compte de nombreux grands maîtres tels que Masit Khan, Keramatullah Khan et son fils Sabir Khan, ainsi qu’Anindo Chaterjee.


4 - BENARES: fondée par Ram Sahay (1780-1826). Kanthe Maharaj, Shamta Prasad, Kishan Maharaj, Anoke Lal Mishra, Kumar Bose et Sharda Sahai sont issus de cette école.


5 - AJRARA: fondée par les frères Kallu et Miru (xix ème). Ahmejan Thirakwa et Habibudin Khan furent parmi les plus talentueux de cette gharana.


PUNJAB: fondée par Kader Bash (xix ème s.). Allarackha , et son fils, Zakir Hussain, qui s’en est maintenant démarqué, sont issus de cette école, qui n’est pas une gharana de tabla à proprement parler, mais plutôt d’une autre percussion, le pakhawaj. Allaracka en fit sa propre gharana en mélangeant la «mathématique» rythmique de Punjab et le style de Delhi.


Une Gharana est un système d’organisation sociale liant les musiciens ou les danseurs à différents lignages et/ou apprentissages, par l’adhérence à un style musical particulier. En hindi, «ghar» signifie maison, ainsi, le terme «gharana» désigne la maison de l’enseignant. Ce concept est lié à un autre, beaucoup plus ancien: le «Guru-Shishya Parampara» ou «lignage Guru (maître)-Disciple».

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La Langue des Tabla

Il n’existe pas de solfège ou de partition comme pour la musique occidentale. Les tabla possèdent en revanche leur propre langue, qu’il est nécessaire de connaître afin de pouvoir en jouer. En somme, comme pour l’apprentissage de toute langue, on commence d’abord par apprendre l’alphabet, pour ensuite former des mots (bâni), puis des phrases (bol), jusqu’à être capable de composer de la poésie! Chaque bâni correspond à une frappe sur un endroit bien défini de l’instrument. Une des difficultés que l’on rencontre au début de l’apprentissage des tabla est que de différents mots peuvent se référer à la même frappe!


Initialement il n’existait que 4 bâni: Ta, Dit, Tun, Na, mais avec l’évolution de l’instrument, la constante recherche de nouveaux sons et compositions, le vocabulaire de base s’est considérablement enrichi. Actuellement il existe entre 20 et 30 mots selon la gharana.

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